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Inventaire

Une question revient souvent.

- Combien en ai-je peint ?

Combien de tableaux ?

Je ne sais pas répondre. L'estimation reste approximative, très variable.

Au fil du temps, des tableaux se sont effacés de ma mémoire et seul le hasard de rencontres m’a permis de retrouver leur souvenir. Ainsi, sont revenus « Marguerite-Marie S. sur les bords de l’Agoût », «122 – Encierro » et «Le dîner fin ».

Ces retrouvailles sont un mélange d’enchantement et d’étonnement, comme si je les découvrais peints par un étranger au fond d’un grenier.

Dernièrement, j'ai décidé de dresser l'inventaire en excluant tout ce que j'avais produit de gouaches et aquarelles sur papier ou carton, décors sur bois, sur jute, panneaux décoratifs, illustrations et sujets d'exercices sur toiles.

Outre une mémoire faillible, j’ai un problème avec l’ordre administratif, les classements, la paperasse.

J’empile et dissémine les papiers à la manière d’un Gaston Lagaffe.

Me plonger dans ce fatras anarchique était désespérant. J’ai trié, classé, déchiffré des bouts de brouillons où parfois étaient notés des titres, des dimensions, une période…

Parfois… ou pas.

Peu à peu, j’ai complété le puzzle.

Ce retour dans le passé a révélé des surprises.

En lisant les intitulés, des images de tableaux oubliés me sont revenues.

Il y avait « L'artichaut », « Le peintre et son modèle », « Le clochard coquet de la rue Alsace-Lorraine », « Fruitier », « Le café des artistes ».

Certains titres me laissaient perplexe : ainsi d'une toile intitulée « Chez Tarzan », d'une autre « Les deux amies », « Le clown est triste », « La petite ville », « La procession » ou encore « Allo, allo... » et je découvrais des déclinaisons d’un même sujet en divers formats, à diverses périodes.

J'ai ouvert des boites de photos non triées, de vieilles photos, très floues, mal cadrées pour la plupart, mais qui ont le mérite d'avoir été prises sur le vif lors de vernissages ou sur le fond desquelles apparaissent mes tableaux.

Titres et images se sont alors superposés. Mon inventaire progressait.

Il restait des manques.

Deux toiles mystérieuses m’ont occupée toute une soirée, jusqu’à ce que je découvre que ces inconnues étaient « Le parc Borelli » et « Llafranc », du moins j’imagine que c’est ainsi puisque j’ai découvert une feuille portant ces mentions et que ce dôme bleu, là, semblait émerger d’un parc et le demi tableau qui apparaissait dans l’autre coin pouvait correspondre à un Llafranc revisité par mon imaginaire.

Parfois, j’ai repeint sur une ancienne toile qui ne me plaisait pas, par manque de toile vierge.

Achetés dans les salons, vendus par des galeristes, aimés par des passants qui les ont emportés...

Ainsi se perdent les tableaux.

Un nouveau mystère me préoccupe encore alors que j’écris ces mots : une toile exposée une seule fois (et qui a trouvé preneur) en Italie, en 2001 et dont je n’ai plus qu’une toute petite image copie couleur…

Le tableau perdu

Le tableau perdu (Acrylique sur toile - 2001)

C'est mieux.

Je le complèterai au fil du temps.

Le mystère nourrit l'imaginaire, invite à créer.

L'oeuvre se construit dans la durée.

Je regarde les monceaux de croquis, dessins, calques conservés dans le plus total désordre. Un jour, il faudra aborder ce chantier…

Un jour.

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Catherine Dhomps

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