2015
Le bal (détail)
Bien que l'esprit du temps soit aux courbes descendantes, aux rebonds mous, à la désillusion, aux inégalités croissantes, à l'éclosion des fous assassins, à l'enfumage et aux discours lénifiants, béats ou verbeusement combatifs, je vais tenter de trouver les mots contraires des vents mauvais.
J'ai habitude d'ouvrir au hasard un livre de poésie. En ce jour, l'oracle est René Char :
..."Tout en nous ne devrait être qu'une fête joyeuse quand
quelque chose que nous n'avons pas prévu, que nous
n'éclairons pas, qui va parler à notre coeur, par ses seuls
moyens, s'accomplit.
Continuons à jeter nos coups de sonde, à parler à voix égale,
par mots groupés, nous finirons par faire taire tous ces
chiens, par obtenir qu'ils se confondent avec l'herbage,
nous surveillant d'un oeil fumeux, tandis que le vent effacera
leur dos.
L'éclair me dure.
Il n'y a que mon semblable, la compagne ou le compagnon,
qui puisse m'éveiller de ma torpeur, déclencher la poésie,
me lancer contre les limites du vieux désert afin que j'en
triomphe. Aucun autre. Ni cieux, ni terre privilégiée, ni
choses dont on tressaille, ne le peuvent. Torche, je ne valse
qu'avec lui.
On ne peut pas commencer un poème sans une parcelle
d'erreur sur soi et sur le monde, sans une paille d'innocence
aux premiers mots."
(Extrait de "La Bibiliothèque est en feu")
A vous tous, je souhaite des sourires, des ciels changeants, des désirs, du bouillonnement, du courage, "de l'audace, euh" (ça ne peut pas faire de mal...) et enfin, une grande capacité à l'humour pour supporter les langues de bois.
Amis aimés et inconnus, ici ou loin, que la poésie irrigue vos coeurs et vous donne des ailes !