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EXPO D'oeuvre en oeuvre




LA PLACE PINEL À LA BIBLIOTHÈQUE DU PATRIMOINE Il ne faut pas constamment mettre des mots sur la place Pinel. On est tenté. Les lacunes du savoir sont innombrables. Maintes questions se posent. Quelque diable invite sans cesse à tresser des phrases. Résister fait mal : après passage, même rapide, devant le kiosque ou le boulodrome, l’auteur de ces lignes est souvent saisi par l’urgence d’écrire. Ce qu’il a vu, senti, entendu, compris, dépasse l’entendement. Il lui paraît urgent de communiquer aux chinois, aux belges, aux vieux, aux jeunes, aux pauvres d’esprit, aux habiles, les merveilles de la place Pinel. Toute autre tâche, comparée à la mise en mots de tel ou tel de ses aspects, semble dérisoire. Jean de Patmos, après avoir vu le ciel se déchirer, eût été pauvre sire s’il se fût contenté de pécher des poulpes. La place Pinel est une apocalypse quotidienne. Le spectacle doit être formulé. Cela ne signifie pas qu’il faille toujours communiquer, car formuler réclame le silence. Couvrir la place Pinel d’une étendue continue de mots est aussi navrant que l’indifférence. L’auteur de ces lignes a tu, ces jours-ci, une nouvelle prière apparue près de l’ancien Espace canin, et constatée, avec lui, par un groupe de mathématiciens normaliens. Il n’a pas rendu compte du dernier vide-grenier. Il n’a pas dit les douceurs de l’actuel été indien parmi les platanes du boulodrome. Le monde n'a pas, par lui, été informé des récents travaux sur la pelouse qu’a entrepris l’équipe municipale. La manifestation dans la Bibliothèque du Patrimoine ne saurait cependant être, par lui, passée sous silence. Que le kiosque apparaisse, en compagnie de quelques chiens, de poubelles, et même de l’Espace de jeux pour enfants et du parapluie retourné, sous la coupole créée par Montariol l’enchante. Personne n’en parle. Pas un article dans l’Orient le jour, le Daily Mirror, le Dauphiné libéré, Jeune et Jolie, Auto Moto, Médiapart, la Dépêche du midi, ou Tageblatt. France Culture est aussi muette que Radio Zanzibar. Une exposition récente « Molière à Toulouse » qui se produisit dans les mêmes lieux fut étalée. On voyait des affiches dans Toulouse. D’autres événements font constamment l’objet du bruit. Pour qui se rend, ces jours-ci, dans la Bibliothèque de la rue du Périgord, qu’on appelle désormais Bibliothèque du Patrimoine, il est possible de constater la présence d‘un grand nombre de tableaux de Catherine Dhomps, qui sont pour la plupart des réflexions réfléchies plaisantes sur des œuvres d’art contemporain. Tout autour de la grande salle ou lisent les étudiants et les chercheurs, apparaissent des œuvres mettant en œuvre Soulage, Buren, Jeff Koon, ou Xavier Veillant… On y voit des gens voir des gens qui voient des œuvres, et des gens voient ces gens voir. Deux des tableaux renvoient à la Bibliothèque édifiée par Jean Montariol, l’architecte du kiosque de la place Pinel, au temps de la municipalité Billières. Un tableau, surtout, qui apparaît au tout début des « Aventures universelles de la place Pinel », représente ce kiosque. Près de lui, pour information, les anges de la Bibliothèque ont présenté un numéro de L’Auta ouvert à la page d’un article de l’auteur de ces lignes, et consacré au « mystère du parapluie ». Rarement on vit telle mise en abyme : un chef d’œuvre de Montariol, par la peinture, dans un chef d’œuvre de Montariol ! Le parapluie retourné lui-même, rendu visible par la photo et l’édition, près de la peinture, et manifestant son retournement à quelques mètres de l’admirable coupole sonore créée par Montariol. Il s’agit d’une copulation mystique entre les arts, pour la gloire discrète. Il faut aller méditer.

Une visite guidée, par l’auteur de ces lignes, aura lieu, mardi 7 novembre, à 18 heures. Une conférence sera prononcée le jeudi 9 novembre, à 18 heures. Le reste sera tu.


Yves Le Pestipon

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